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Traçabilité et recyclage : comment suivre ses produits après l’achat ?


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Une urgence environnementale et économique


En France, plus de 345 millions de tonnes de déchets sont générés chaque année. Derrière ce chiffre vertigineux, une réalité : la majorité des produits mis sur le marché, vêtements, meubles, appareils électroniques, échappent à tout suivi une fois vendus.

Lorsqu’un produit atteint la fin de son cycle d’usage, les marques perdent souvent toute visibilité sur ce qu’il devient : recyclé, revendu, exporté, ou parfois… détruit.

Pourtant, les nouvelles réglementations comme la loi AGEC (Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire) fixent des objectifs ambitieux de réemploi et de traçabilité, imposant aux entreprises de rendre compte du devenir de leurs produits. D’ici 2027, 10 % des emballages devront être réemployés, un signal clair vers une économie de la circularité, mais qui reste difficile à mettre en œuvre sans données fiables.


Produits hors contrôle : enjeux et conséquences


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Selon l’Agence européenne pour l’environnement, entre 4 % et 9 % des textiles mis sur le marché européen sont détruits avant même leur première utilisation, soit jusqu’à 600 000 tonnes de vêtements chaque année. Les causes sont multiples : coûts logistiques de gestion des retours, invendus, manque de circuits de revalorisation, ou encore volonté de “protéger” l’image de marque.

Des enquêtes comme celle du The Guardian ont révélé que certains produits de marques européennes se retrouvaient brûlés, ou même abandonnés dans des zones protégées au Ghana, illustrant l’absence de traçabilité une fois les produits sortis du circuit de vente. Et cette opacité ne se limite pas à la mode : dans l’électronique, le Global E-waste Monitor 2024 estime à 62 millions de tonnes la quantité de déchets électroniques produits dans le monde en 2022, dont seulement 22 % sont recyclés de manière formelle. Le reste disparaît dans des filières parallèles, souvent informelles, où ni la marque ni les régulateurs ne peuvent suivre la trace des composants.


Les marques face à une perte de contrôle massive


Cette perte de traçabilité n’est pas un simple défaut technique : elle fragilise tout le modèle économique des marques. Une fois le produit vendu, la plupart perdent sa trace : impossible d’être informé s’il est revendu, réparé, recyclé ou détruit. Cette opacité entraîne des conséquences majeures : des ressources gaspillées, une valeur économique perdue et une image de marque affaiblie.

Sur le plan environnemental, chaque produit non tracé devient un déchet potentiel : un vêtement enfoui, un meuble incinéré, un appareil exporté hors des filières conformes. Économiquement, c’est une perte de matière et de données précieuses pour piloter la circularité. Enfin, réglementairement, les nouvelles exigences européennes imposent désormais de prouver la fin de vie responsable des produits, une mission impossible sans visibilité réelle sur leur parcours.

En cause : la fragmentation du cycle de vie. Entre la seconde main, les dons ou les exportations, les points de rupture se multiplient. Une fois entre les mains du consommateur, le produit échappe totalement à la marque, rendant toute stratégie de recyclage ou de circularité difficile à piloter.


La donnée produit : le chaînon manquant du recyclage


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Le constat est désormais unanime : la donnée est le cœur de la circularité. Pour recycler, il faut connaître son produit et son circuit post-achat : savoir quoi recycler, où, quand, et comment. Or, la majorité des marques ne disposent pas de cette visibilité. Cette absence de donnée rend impossible la mesure réelle de la durabilité d’un produit.

Mieux connaître la vie de leurs produits, c’est mieux maîtriser leurs impacts, leur image et leur performance économique. Sans donnée produit, l’économie circulaire reste une promesse abstraite : on ne peut pas recycler ce qu’on ne peut pas suivre.



Le certificat digital : la traçabilité continue au service de la circularité


C’est ici qu’intervient le certificat digital produit. Concrètement, il s’agit d’une identité numérique unique, attribuée à chaque produit dès sa création, qui l’accompagne tout au long de son cycle de vie. Relié à un QR code ou une puce NFC, ce certificat contient les informations essentielles : origine, matériaux, date de fabrication, propriétaire actuel, historique des réparations, des reventes ou recyclages.

À chaque étape, cette identité est mise à jour : lors de la première vente, d’un transfert de propriété, d’une réparation, ou même d’un dépôt en recyclage. Le produit devient ainsi un vecteur d’informations fiables, que la marque peut consulter en toute transparence. Grâce à ce dispositif, le suivi ne s’interrompt plus au moment de l’achat. Il continue, naturellement, jusqu’à la fin de vie du produit, permettant aux marques de mesurer concrètement le taux de réutilisation, de recyclage ou d’upcycling.

Cette approche transforme le recyclage en un processus piloté par la donnée. Une marque équipée de certificats digitaux peut identifier en temps réel quels produits arrivent en fin de vie, anticiper les collectes, ou encore valoriser les matériaux récupérés. Elle passe d’une logique de réaction à une logique de maîtrise.


Du recyclage subi à la circularité maîtrisée


Grâce à cette innovation, les marques ne subissent plus la fin de vie de leurs produits : elles la pilotent. Le certificat digital leur permet de reprendre la main sur le cycle complet, en reconnectant les acteurs du réemploi, du reconditionnement et du recyclage.

Elles peuvent ainsi prouver leur conformité réglementaire, réduire leurs déchets, et nourrir leurs rapports RSE de données vérifiables. Surtout, elles construisent une relation nouvelle avec leurs clients : une relation qui s’étend au-delà du premier achat, basée sur la transparence et la confiance. L’époque où un produit disparaissait des radars de la marque dès sa vente touche à sa fin. La circularité ne repose plus sur des intentions, mais sur des données concrètes, mesurables et partagées.


Redonner une vie visible à chaque produit, et une vision complète à chaque marque.



Sources :

-              Statista - L'impact environnemental de la mode

-              BpiFrance-Bigmedia – Loi AGEC

-              European Environmental Agency - The destruction of returned and unsold textiles

-              The Guardian - Discarded clothes from UK brands dumped in protected Ghana wetlands

-              Unitar – National E-Waste Monitors 2024

 
 
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